Le 6 mars 2018 une délégation de six membres du projet INTER-RELIGIO s’est rendue à la conférence annuelle de l’Académie Européenne des Religions, à Bologne, en organisant la tenue de deux panels thématiques portant sur la question de savoir dans quelle mesure la formation à l’interreligieux pouvait constituer un frein au radicalisme religieux. C’est à cette occasion qu’ils ont pu présenter à la communauté scientifique et internationale les recherches entreprises sur le sujet dans les universités de Strasbourg, de Bâle de Heidelberg et de Tübingen.
À l’heure où la société contemporaine s’interroge sur la façon de contrer l’irruption violente des phénomènes de radicalisation liés au terrorisme, des appels répétés ont récemment été adressées à la communauté universitaire afin qu’elle s’empare de la question. Suivant leurs champs de spécialisation respectifs et considérant les recherches en cours dans le cadre du projet INTER-RELIGIO, les intervenants de ces panels se sont donc efforcés d’apporter des réponses, en soumettant les éléments dernièrement acquis au débat. Un temps de discussion était en effet prévu à l’issue de chaque panel, le premier sous la direction de Kyong Kon Kim (maître de conférences à la faculté de théologie catholique de l’Université de Strasbourg) et le second sous celle de Hendrik Stoppel (post-doctorant INTER-RELIGIO à l’Université de Heidelberg).
En premier lieu, le Professeur Francis Messner (Université de Strasbourg, directeur du projet INTER-RELIGIO) a exposé les raisons du développement d’un projet de recherche en études de l’interreligieux tel que celui d’INTER-RELIGIO. Il fut alors surtout question de définir les éléments propres au contexte particulier de ce projet, concernant l’aire du Rhin Supérieur. Suivit ensuite la communication du Professeur Reinold Bernhardt (Université de Bâle), dont l’objet fut d’analyser les enjeux les plus cruciaux de la prévention de la radicalisation par l’éducation. Reinold Bernhardt a alors proposé de prendre un recul distancié vis-à-vis du contexte européen, en s’intéressant au niveau international à l’échelle du continent africain, pour tirer leçon d’un récent rapport onusien sur les modes de développement de l’extrémisme sur ce terrain. Le propos du Professeur Ruggero Vimercati-Sanseverino (centre d’études islamiques de l’Université de Tübingen) a enfin consisté à explorer les voies de stratégies discursives pouvant être opposées à une « théologie de la violence », en proposant comme stratégie discursive l’approche académique de la théologie islamique ainsi que l’étude théologique du personnage de Mahomet.
Au cours de la session de l’après-midi, Kyong Kon Kim est parti de l’exemple précis du programme de l’“Éveil Culturel et Religieux” dans les premier et second cycles scolaires d’Alsace et de Moselle, pour rediscuter des modalités contextuelles de l’éducation en matière de religion dans le territoire français concerné par le projet INTER-RELIGIO. En portant attention aux réussites et aux limites de ces programmes, étudiés sur le long terme, il s’agissait alors d’interroger les termes réalistes d’un projet d’éducation à l’interreligieux au niveau universitaire. L’intervention de Sophie-Hélène Trigeaud (post-doctorante INTER-RELIGIO à l’Université de Strasbourg) prenait appui sur de récents rapports, dont ceux de l’UNESCO, établissant un lien entre radicalisation et carences éducatives en matière de religion et d’interreligieux. Considérant que ces mêmes rapports appelaient la communauté universitaire à s’investir dans l’éducation à l’interreligieux, elle exposait les fruits de son enquête sociologique et cartographique sur l’état de la formation proposée par les universités française sur le sujet.
À l’issue de leurs présentations, les intervenants ont pu bénéficier d’un riche débat avec la salle avec notamment des questions et commentaires pertinents venant autant de leurs pairs dans la recherche que de spécialistes du terrain issus de diverses organisations spécialisées dans le dialogue interreligieux.